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vendredi 24 juin 2016

Filer à l'anglaise !

Vraiment de drôles de gens ces Anglais !  Non seulement, ils ne font rien comme tout le monde – et à commencer comme les Français – mais de surcroît ils eurent la mauvaise idée de guerroyer contre nous pendant sept longs siècles ! Un laps de temps confortable pour se mitonner, vous en conviendrez, l’une de ces bonnes vieilles inimitiés, célébrées même en chanson : « Buvons un coup, buvons en deux/À la santé des amoureux/À la santé du Roi de France/Et merde pour le Roi d’Angleterre,/Qui nous déclaré la guerre » (Le Trente-et-un du mois d’août ).
Bon, revenons à nos Anglais. Et ce n’est pas parce qu’ils sont réputés flegmatiques et dépositaires d’un soi-disant fair-play (bien commode lorsqu’ils l’exigent des perdants au rugby) qu’il faut fermer les yeux sur leur manière de « partir sans prendre congé ». Que nous ne pouvions traduire que par une expression édifiante : « filer à l’anglaise ». Précisons tout de même que jusqu’à la fin du XVIIe siècle, interrompre « une réunion pour se dire au revoir était un signe de mauvaise éducation, d’où la mode à la cour française d’abandonner la réunion sans le faire (...). Cette habitude s’étendit au reste de l’Europe ; mais quand cette mode changea et que l’on considéra que quitter une réunion à la française n’était plus courtois, les Français refusèrent d’accepter la paternité de cette habitude et adoptèrent l’expression filer à l’anglaise ».  La mauvaise foi étant la chose la mieux partagée du monde, dont acte…
Alors vraiment fair-play les Anglais ? Les Tommies ne cédèrent pas de terrain langagier aux Froggies. Et l’équivalent de notre « filer à l’anglaise » - que le linguiste Alain Rey date de 1890 -  pris racine outre-Manche dans l’expression « to take a French leave », dont le très sérieux « Oxford English Dictionary » revendique l’antériorité en 1771 .
Un point partout, la balle au centre entre deux nations qui entretiennent jalousement une tradition qui leur est chère.

Texte de Dominique Roger de la revue Détours en Histoire
Illustration réalisée grâce au talentueux Dominique Roger pour la revue Détours en Histoire N°6

lundi 20 juin 2016

clin d'oeil du lundi


Avant de finir sa modeste existence au fond de la grande poubelle à couvercle jaune du recyclage, déchiré à la va-vite, ce simple et courageux petit emballage de yaourt m'a surpris par son rire et sa sérénité en ce lundi pluvieux. 

Les doux regards sont le véritable langage de l'amour.
Proverbe français ; Recueil d'apophtegmes et axiomes (1855)